Rencontre avec BabelGallery

Échange avec Augustin Chenel et Benjamin Azoulay, co-fondateurs de BabelGallery

Les intelligences artificielles génératives ouvrent un champ vertigineux : celui d’une création sans fin, où toutes les images potentielles peuvent exister. C’est à ce carrefour de la technologie et de la réflexion artistique qu’est née BabelGallery, une initiative d’Augustin Chenel et Benjamin Azoulay, conçue comme une galerie numérique qui explore la puissance de l’IA tout en inventant de nouveaux usages pour les musées et leurs publics.

Une idée née entre philosophie et technologie

À l’origine, le projet est né presque par hasard. Les co-fondateurs expliquent : « J’étais en philosophie et je m’intéressais au sujet par ce biais, tandis que Benjamin s’orientait davantage vers la partie technique. Nous avons commencé en développant un modèle capable de reproduire le style d’un ami artiste, un peu pour le plaisir. » Rapidement, l’expérience suscite l’enthousiasme : les premiers utilisateurs y trouvent à la fois un aspect ludique et une véritable dimension pédagogique. Encouragés par cet accueil, les créateurs décident alors d’élargir l’expérience à des artistes plus connus, comme Van Gogh, et de la tester auprès de différents publics, enfants comme adultes. Le succès est immédiat, confirmant le potentiel du projet bien au-delà d’un simple jeu expérimental.

Des défis techniques et humains

Concrètement, l’équipe entraîne son IA sur les œuvres d’un artiste donné afin qu’elle puisse en imiter le style. Le dispositif devient alors un outil de médiation culturelle : sous la forme de bornes interactives, les visiteurs peuvent dessiner, télécharger une photo ou laisser libre cours à leur créativité, avant de voir leur production transformée « à la manière de » l’artiste désiré. L’idée s’adresse en priorité aux musées, mais aussi aux EHPAD pour des ateliers créatifs adaptés, ou encore aux boutiques de musées, séduites par la possibilité de proposer des objets personnalisés.

Pour Babel Gallery, la prochaine étape est claire : rendre la technologie accessible et évidente. « Au musée, il existe une certaine timidité face aux dispositifs de médiation. Si l’objet n’est pas intuitif, il n’est pas utilisé. Notre défi est donc de transformer une technologie brute en un outil tactile, fluide et ludique, dont l’usage s’impose d’un seul coup d’œil. » À cela s’ajoute un défi humain : rencontrer des acteurs culturels intéressés, échanger avec eux et co-construire le projet.

Une ambition culturelle et critique

Au-delà de l’aspect ludique, BabelGallery ouvre un débat sur le rôle de l’artiste et les mutations de la création à l’ère des IA génératives. La galerie invite à considérer que l’œuvre ne réside pas uniquement dans la somme de ses tableaux, mais dans un style qui s’étend à l’infini des possibles. Un dialogue critique s’instaure entre l’algorithme, l’artiste et le spectateur.

Intégrée aujourd’hui au sein de 104factory, l’incubateur du Centquatre, l’équipe profite de cette période d’accompagnement pour affiner son projet : « C’est l’occasion de rencontrer des professionnels de la médiation et du numérique, d’échanger avec d’autres équipes et de bénéficier d’une vraie émulation. Nous avons déjà pu discuter avec avec plusieurs personnes de ce que pourrait devenir notre modèle. »

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