LEXIQUE #2 : le réemploi avec Plinth et Remix

104factory l’incubateur des industries culturelles et créatives du CENTQUATRE-PARIS interroge chaque mois les startups autour d’un concept culturel.

Les lexiques sont un moyen pour les startups incubées d’évoquer leurs activités en clarifiant des terminologies parfois floues pour le public. Les préciser, les définir et les illustrer sont une manière de donner de la visibilité aux entreprises en expliquant très clairement le rôle qu’elles jouent dans le secteur mais surtout dans l’innovation culturelle. 

104factory a interrogé Plinth et Remix autour du concept de réemploi. 

Qu’est ce que le réemploi ?

En droit européen, le réemploi correspond à l’opération de “re-use”. En France, lors de la transposition de la directive européen relative aux déchets, nous avons introduit deux notions différentes pour le terme de re-use : le réemploi et la réutilisation. L’article L541-1-1 du Code de l’environnement indique les définitions suivantes :

  • Le « Réemploi » désigne « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus ».
  • La “Réutilisation” désigne « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau ».

Quelle vision Plinth et Remix ont ils du réemploi ?

Pour Remix, le réemploi c’est dans un premier temps l’utilisation des matériaux d’occasion à la place de matériaux neufs. Ils se basent sur la définition juridique que nous avons cité juste au-dessus qui a malheureusement ses limites. En effet, elle désigne les substances, matières ou produits utilisés de nouveau pour un usage identique et qui ne sont pas des déchets. Or, dans de nombreuses situations ces substances, matières ou produits sont utilisés pour un nouvel usage et ne sont pas pour autant des déchets. Et pour rappel, un déchet c’est « toute substance ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire ». Vu la complexité de cette définition, nous comprenons qu’un certain nombre de personnes peuvent s’en faire leurs propres interprétations.

« le réemploi c’est dans un premier temps l’utilisation des matériaux d’occasion à la place de matériaux neufs. »

Pour Plinth, les définitions sont plutôt similaires. Néanmoins elles ajoutent une nuance dans les termes qu’elles emploient : la seconde main.  Qui signifie être passé par un intermédiaire, usagé ou d’occasion. Il vient du retail et est bien plus compris et utilisé par le grand public contrairement au réemploi qui se heurte à la confusion, notamment avec la notion de recyclage qui est pourtant une pratique bien différente. 

Pour Remix et Plinth leurs activités ne sont pas liées à l’upcycling. L’idée derrière ce terme est de « récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux ou produits de qualité ou d’utilité supérieure ». L’ajout d’éléments supplémentaires dans le but de transformer l’élément est une caractéristique que l’on retrouve souvent dans les pratiques d’Upcycling. Par ailleurs, les matériaux upcyclés sont généralement issus de la filière  déchet ou y étant destinés.

Comment le réemploi s’applique t-il dans leurs activités ?

L’objectif de REMIX est d’aider les professionnels du bâtiment et les maîtrises d’ouvrages à utiliser des matériaux de réemploi et à repenser leurs modèles. En termes de déchets, le secteur du bâtiment et des travaux publics représente 70% du volume total des déchets produits chaque année en France. De plus, les pratiques de gestion des déchets sont très encadrées par la réglementation, ce qui est une bonne chose puisque l’objectif principal est de protéger l’environnement, mais ce qui fait aussi apparaître de nouvelles problématiques techniques et juridiques liées à l’usage du réemploi dans le secteur du bâtiment, ce qui peut constituer un frein. Le rôle de REMIX est de résoudre ces problématiques, notamment en termes de respect des normes existantes et d’apporter des solutions responsables.

Plinth a créé une plateforme qui permet de faire des dons d’objets et matériaux dédiés au monde culturel. Elle met en relation un certain nombre d’acteurs tels que les musées, galeries, fondations, centre d’arts, artistes, ou tout autres lieux où l’art est exposé, qui souhaitent donner ou se saisir des objets et matériaux.

L’intérêt est de fluidifier le réemploi et la seconde main dans le secteur des arts visuels par un système simple et pratique. C’est un secteur qui est aussi assez réglementé, le secteur public ne peut donner qu’au secteur public ou aux associations reconnues d’intérêt général, certaines normes de matériaux à utiliser doivent aussi être respectées. Plinth n’a pas vocation à devenir propriétaire des objets ou matériaux proposés en ligne. La plateforme offre une mise en relation facilitée entre différents utilisateurs partageant les mêmes besoins. Il est important de faire un effort pour changer ses habitudes de consommation et découvrir la plateforme et son fonctionnement.

Que ça soit pour Remix ou pour Plinth, ils se font accompagner par des avocats spécialistes des questions juridiques appliquées à l’économie circulaire pour s’assurer de bien respecter le cadre réglementaire et normatif et ainsi surmonter les difficultés de qualification et de définition de caractéristiques des matériaux de réemploi. 

Quels sont les freins au réemploi ?

Les musées et institutions publiques ont beaucoup de mal à donner, sur Plinth ou via d’autres initiatives du fait des réglementations sur les dons d’objets et de matériaux. Le don pour ces institutions est malheureusement freiné par la peur de sortir du cadre légal. Par ailleurs pour un certain nombre d’acteurs, se fournir en objets ou matériaux pour réaliser une exposition doit être simple et rapide. Les objets et matériaux présents sur la plateforme Plinth ne sont pas neufs et bien qu’ils soient en bon état, il s’agit de seconde main, il faut donc parfois accomplir un effort supplémentaire comparé au neuf (repeindre un socle par exemple). L’art contemporain est considéré comme appartenant au secteur du luxe, dont un des codes est la consommation notamment. Il devient nécessaire de faire changer la vision que les acteurs de ce secteur peuvent avoir vis-à-vis du réemploi. Pour faire face à ces freins, il est important de réfléchir à une stratégie d’engagement et pour créer l’usage. Ainsi, Plinth a été pensé pour être un outil simple, avec des systèmes de recherche par filtres et par localisation.


Un certain nombre de freins similaires à l’activité de Plinth se croisent avec REMIX. Dans un premier temps, une grande partie de ces freins sont concentrés sur des problématiques techniques auxquelles le bureau d’étude apporte des réponses. Partant du même constat que Plinth, qu’il existe une méconnaissance générale du réemploi en France, il est important de raconter aux publics que le réemploi est possible et que c’est d’une part une solution nécessaire pour l’avenir de la planète mais aussi économique et qu’avoir recours à cette pratique ne coûte pas plus cher.

« Le réemploi est une solution nécessaire pour la viabilité de la planète. « 

Par ailleurs, les marchés sont des lieux de rencontre entre les personnes qui ont un besoin et les entreprises qui peuvent y répondre et fonctionnent grâce à la confiance réciproque des parties constituant l’offre et la demande. Le marché des matériaux neufs est ancien et les acteurs lui attribuent une  confiance importante, contrairement au marché du réemploi, assez récent et qui cherche encore sa légitimité. Cependant aujourd’hui le marché du neuf se détériore, les prix ne font qu’augmenter et les produits manquent ce qui tend à favoriser le développement des pratiques de réemploi. 

Comment le réemploi peut-il à l’avenir constituer une alternative au modèle de consommation linéaire ?

La situation écologique actuelle et la raréfaction des ressources ne permettent pas aux acteurs de continuer à consommer de la même manière. De nombreuses initiatives entrepreneuriales existent telles que Remix et Plinth. Ils impulsent un changement sociétal dans la manière d’entreprendre et d’utiliser certaines ressources, un nouveau modèle économique viable tout en étant responsable. Pour permettre un monde durable, ces initiatives devraient se multiplier à l’avenir, le changement doit être global.  

Même s’il ne faut pas généraliser, il semble que le législateur mène rarement à l’innovation. En effet, c’est plutôt la législation qui tend à s’adapter aux pratiques innovantes des acteurs du secteur privé. Pour apporter une réponse, il est dans l’intérêt de toutes et tous d’organiser cette transition vers l’économie circulaire, modèle plus durable et adapté à un monde fini. Le réemploi propose un nouveau modèle de consommation qui pallie à un certain nombre de problématiques. Néanmoins, il ne faut pas l’utiliser comme prétexte au modèle capitaliste de consommation. Il faut continuer d’impulser le changement, en sensibilisant et communiquant autour de la pratique du réemploi par exemple. Les conférences, tables rondes, ateliers sont des bons moyens de convaincre les plus réticents en ayant pour leitmotiv : “persévérance, bienveillance et pédagogie”. 

Découvrir Plinth

Plinth est un outil numérique de mise en relation pour le don d’objets et matériaux dédiés au secteur culturel. Il s’adresse aux musées, galeries, fondations, centre d’arts, artistes, ou tout autre lieu où l’art est exposé.


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Découvrir Remix

REMIX est un bureau d’étude spécialisé dans le réemploi des matériaux de construction, filiale de l’agence d’architecture Encore Heureux, en résidence à 104factory. 


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