LEXIQUE #4 : l’imaginaire sonore avec Onyo

104factory l’incubateur des industries culturelles et créatives du CENTQUATRE-PARIS interroge chaque mois les startups autour d’un concept culturel.

L’imagination est la faculté que possède l’esprit de se représenter des images : connaissance, expérience sensible. C’est par l’imagination que les mots deviennent pour nous des choses. Il peut être une aura, une atmosphère, un plus, un excédent, une interprétation, une signification. Tout imaginaire est un revêtement, une couverture, une séquence de couches appliquées sur un événement, une œuvre, un phénomène, une occurrence, un trauma, un fait.
Il n’y a de l’imaginaire que dans la mesure où le réel existe. L’imaginaire fonctionne comme un ajout au réel ne pouvant pas, alors, se passer de lui.

“Dans quelle mesure l’imaginaire peut-il être sonore ?”

Nous avons interrogé Onyo, un studio créatif qui  développe des installations immersives qui se vivent les yeux fermés et redonnent du temps pour prendre soin de soi, des autres et du vivant. Elles embarquent les publics dans des fictions originales, poétiques, et merveilleuses. Véritables fables écologiques et sensorielles, elles mêlent scénographie d’art, technologies et storytelling, pour former un moment unique, hors du temps et des écrans.

Qu’est ce que l’imaginaire sonore ?

Dans leur travail les imaginaires sont les représentations du monde qui émanent de production culturelle des jeux vidéos, des livres, histoires et contes les aidant à se représenter le monde à un instant T. L’objectif d’Onyo est de se rendre compte des réalités existantes dans le domaine de l’écologie en apportant un imaginaire positif, optimiste, désirable pour pouvoir nourrir les représentations dystopiques du monde et pour aider à les repenser. 

Cyril Dion, réalisateur : « On ne peut pas créer un monde différent sans d’abord l’imaginer »

Onyo utilise le son spatialisé pour réveiller cet imaginaire et nous représenter quelque chose de différent. Lorsqu’il est entendu, le son peut être à la fois très immersif et donner beaucoup d’indices. On sous-estime souvent le niveau d’informations qu’il est capable de nous donner !   Un paysage sonore peut évoquer une scène en plein air l’été, dans une cathédrale, dans un open space de bureau, dans une pièce au coin du feu… Ces espaces ont des repères sonores, et le son s’y diffuse différemment. Nous ne les analysons pas consciemment, mais notre cerveau traite ces informations ! Ainsi Onyo propose de nouveaux imaginaires et de nouvelles manières de les vivre. Au moment de l’écoute, leurs œuvres se vivant les yeux fermés, elles invitent les publics à se reconnecter à leur imaginaire. Cela offre un moment à la fois très intense et régénératif.  Les auteurs intègrent des exercices de méditation ou de pleine conscience dans la narration, favorisant l’apaisement.. L’objectif est de sortir d’une  hyper stimulation permanente. Chaque participant vit l’œuvre à sa façon, et se représente un environnement différent. Par exemple l’Arbre-Soleil prend place dans une forêt : certains s’imaginent être dans une forêt tropicale, d’autres dans la forêt d’avatar, certains au cœur d’un arbre… Et toutes ces représentations sont justes ! 

Pourquoi utiliser le son pour créer un univers imaginaire ?

L’immersion permet d’avoir un terrain de jeu incroyable vis-à-vis de l’imaginaire notamment pour aller fabriquer des nouveaux récits, ouvrir des champs d’horizons. Lorsqu’ils se sont lancés dans la création d’Onyo, Charlotte-Amélie et Yann sont partis du constat que les sujets écologiques (biodiversité et climat en tête) n’étaient pas encore assez pris en compte.  Les scientifiques peinent à se faire entendre, le sujet devient vite clivant, l’éco-anxiété peut rapidement faire perdre espoir sur les capacités d’action. Comment entrer dans une forme de sensibilisation auprès d’un large public  par un projet artistique engagé ? Comment donner envie de prendre soin du vivant ? Pour Onyo, c’est par l’usage du son, de l’immersion et du merveilleux. Ils souhaitent ainsi  être un cheval de Troie :  utiliser une approche poétique, accessible, tout en abordant les sujets de notre relation au vivant.

« L’objectif final de l’immersion est d’éveiller la curiosité de tous les visiteurs et visiteuses. »

Pourquoi le collectif a t-il un rôle central dans l’imaginaire d’Onyo ?

Nous vivons dans une ère d’hyper connexion, pourtant nous avons un sentiment de déconnexion très fort. L’enjeu d’Onyo est de pouvoir créer la rencontre entre des inconnus au sein de chaque séance ; et plus métaphoriquement avec les autres espèces à qui ils donnent la parole dans leurs fables. 

Cela paraît enfantin de faire parler des animaux et végétaux, mais pour les auteurs il s’agit de questionner un rapport avec ces autres vivants, et de leur donner pleinement le statut de sujet. L’humain est un être vivant parmi 8 à 20 millions d’espèces existantes, et est arrivé relativement tard dans l’histoire de la Terre [source : https://flowingdata.com/2012/10/09/history-of-earth-in-24-hour-clock/ ]. Leurs créations mettent en scène des histoires dans lesquelles le vivant n’est ni dominé, ni sauvé par l’humain. 

Par ailleurs dans leurs récits, il n’existe pas un héros unique qui  “sauve le monde” : les auditeurs sont des acteurs du récit. Ils vont mener par leurs actions individuelles une action collective permettant de construire l’imaginaire commun aux côtés des personnages qu’ils soient animaux, végétaux, minéraux…etc. S’entretiennent entre eux une interrelation dont émane un mouvement global dont ils sont liés par l’histoire. Dans l’Arbre-Soleil et les Gardiens de la Montagne, les gens ne se connaissent pas toujours, les groupes sont relativement petits, le sentiment ressenti à la fin de cette expérience est d’avoir réalisé ensemble un rituel de régénération. C’est un moment qu’ils ont vécu pour eux même, et en eux même.   

Dans quelle mesure l’imaginaire sonore peut-il reconnecter au monde ?

Pour le grand public, réapprendre à écouter est une belle voie pour se reconnecter, une autre façon de prêter attention au vivant – et de prendre soin de soi ! En effet, la pollution sonore est aujourd’hui omniprésente et a de véritables impacts physiologiques sur la santé  humaine (stress, fatigue : source) ; mais aussi sur la faune et la flore ! Les oiseaux par exemple ont de plus en plus de mal à  communiquer. 

L’imaginaire sonore donne l’opportunité de réapprendre à écouter en prenant conscience de notre environnement et en prenant plaisir à redécouvrir le bruit du vivant et des milieux de vie. 

Plus spécifiquement, pour les chercheurs, le son peut être un outil de mesure de la santé des écosystèmes.  La bioacoustique par exemple est un domaine scientifique interdisciplinaire combinant la biologie et l’acoustique Elle enregistre, stocke et étudie la production, la réception et l’interprétation des sons par les organismes biologiques, notamment chez les animaux, êtres humains. Le son devient donc un outil pour avoir des informations, analyser, recenser.

Découvrir Onyo

Onyo est une jeune entreprise qui imagine et réalise des installations itinérantes d’immersion sonore permettant de s’évader vers des mondes merveilleux. 

À la croisée des arts et du divertissement, leurs expériences sont pensées comme des portails qui mènent à un monde inouï. 


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C’LE CHANTIER : Onyo

Les Gardiens de la Montagne

Installation immersive

Venez découvrir le prototype des Gardiens de la Montagne, la deuxième expérience immersive d’Onyo, un studio créatif incubé à 104factory, l’incubateur des startups culturelles et créatives du CENTQUATRE-PARIS.

Les Gardiens de la Montagne est un spectacle sensoriel qui donne à vivre une montagne sensible, qui se sait menacée, et qui s’organise pour mettre sa puissance et sa poésie au service du vivant qui la compose et vice versa. Les humains, les animaux et les végétaux deviennent des gardiens, résistants éveillés au pouvoir extraordinaire de la roche, qui se relaient pour la préserver tel le microbiote de notre corps, dont le travail invisible, nous permet d’exister. L’œuvre se vit en groupe, les yeux fermés, et nous reconnecte à notre imaginaire.

Cette bulle hors du temps est une invitation à un voyage d’émerveillement sensoriel grâce à un son spatialisé unique, une sculpture lumineuse interactive et une écriture immersive qui nous place au cœur du récit. Prendrez-vous la relève des gardiens des montagnes ?


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