MEET-UP#6 104factory // Convergences : Entreprise à impact ?

Les expert·e·ses ont tenté d’éclairer les enjeux autour de l’entreprise à impact lors de notre sixième MEET-UP organisé en collaboration avec Convergences, dans le cadre du nouveau programme porté par l’incubateur 104factory : Culture Impact, un laboratoire de la transition écologique au service de la culture pour repenser les usages et favoriser les innovations afin de réduire l’empreinte écologique dans ce secteur.


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Lancée en 2008, Convergences est une plateforme de réflexion, de mobilisation et de plaidoyer. Convergences promeut les Objectifs de développement durable (ODD) et la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et les changements climatiques dans le monde. Composée de plus de 200 organisations partenaires issues de tous les secteurs, l’association agit pour susciter la réflexion et l’action, diffuser des bonnes pratiques et favoriser la co-construction de partenariats innovants à fort impact sociétal. 

Ainsi, ensemble, nous avons souhaité interroger  le concept d’entreprise à impact aux côtés d’intervenant·e·s d’horizons variés, aux parcours complémentaires  :

  • Florence Baitinger, Cofondatrice et Présidente de Gobi, une entreprise à impact créée en 2010, qui participe, à son échelle, à la réduction des déchets en proposant des alternatives aux gobelets jetables telles que des gourdes françaises éco-conçues. 
  • Elsa da Costa Grangier, Directrice générale d’Ashoka France, branche nationale de la plus grande communauté d’acteurs et actrices de changement qui agissent pour l’innovation sociale. Elle vise à accélérer les idées et initiatives associatives ayant un impact sociétal positif.
  • Mathilde Fermaut, Responsable des certifications et de la pédagogie de B lab France, représentant de la voix B Corp en France, dont le rôle est de développer et d’animer la communauté des entreprises certifiées B Corp. 
  • Morgan Moinet, Directeur général de REMIX, bureau d’études œuvrant au développement des pratiques de réemploi des matériaux de construction et fait partie de notre incubateur 104factory. Il accompagne les professionnel·le·s du secteur du bâtiment dans le montage et la réalisation d’opérations de réemploi.

Mais qu’est ce qu’une entreprise à impact ?

À ce jour, il n’existe aucune définition formelle de l’entreprise à impact. 

D’après la Bpi France, les entreprises à impact, adoptent des pratiques à l’impact social et environnemental positif en les inscrivant au cœur de leur modèle économique. Ces mesures peuvent aller de la mise en place d’une stratégie bas carbone jusqu’à l’intégration des salarié·e·s dans la gouvernance de l’organisation, en passant par l’utilisation de l’économie circulaire ou des politiques de recrutement inclusives.

Nous habitons sur une surface finie que nous pensons illimitée en taille et en ressources. e. Comme dans tous téléfilms de crash d’avion, le commandant de bord nous prévient avant le choc : “Préparez-vous à l’impact”. Comment se préparer à l’impact ? et à quel impact ? Aujourd’hui, la situation de la planète se dégradant, la grande communauté composée de 8 milliards d’êtres humains voit arriver l’impact qu’elle ne peut plus éviter mais encore préparer.

Penser son entreprise à impact par rapport à son environnement 

Morgan Moinet fait partie de celles et ceux qui essayent de s’y préparer en construisant une activité qui se base  sur les ressources déjà existantes et présentes dans la ville et en minimisant leur utilisation. Il aborde l’entreprise non pas comme une fin en soi mais comme une boîte à outils qui permet d’atteindre des objectifs. Son ambition entrepreneuriale est d’aider le secteur du bâtiment à réduire son empreinte environnementale et à apprendre à construire d’une manière plus souhaitable. Il relève néanmoins des paradoxes : son entreprise est-elle à l’échelle de l’ampleur de l’enjeu ? Créer une entreprise n’est-il pas une solution contre-productive dans un monde où la recherche de croissance semble avoir fait son temps ?

« l’entreprenariat est une boite à outil qui permet d’atteindre ses objectifs »

« L’impact c’est un choc qui provoque un changement »

Se faire accompagner pour créer ses impacts

Elsa da Costa Grangier voit l’impact comme un choc qui provoque un changement. Certaines entreprises veulent limiter leur impact lorsque d’autres veulent le maximiser.  Comment parler d’impact ? Ashoka part du concept d’utilité pour définir l’impact. Ce choix permet de refléter l’intentionnalité mise dans les actions que réalisées par les entrepreneur·e·s. Dans un monde fini, nous avons tendance à accentuer les inégalités et dysfonctionnement du  système. Les meilleures réponses sont portées par les personnes qui cherchent des solutions inclusives et durables face à des problèmes de société et Ashoka est là pour les soutenir dans cette démarche. Pour faire partie de l’écosystème d’Ashoka, il faut répondre aux cinq critères fondamentaux suivants : avoir une fibre entrepreneuriale, développer une solution novatrice, être créatif·ve et mettre l’éthique au cœur de son projet et adopter une approche systémique du changement. Ces critères stricts permettent de soutenir des activités sérieuses et impactantes pour la société.

Répondre à la tension entre les impacts sociaux et  environnementaux et les enjeux économiques

En 2010, l’objectif de la fondatrice de Gobi, Florence Baitinger, était de créer une entreprise avec une utilité. Mais lorsque l’on cherche à avoir de l’impact, quel est l’usage ? Pour quel besoin ? Comment le faire ? Elle part du constat, que tout le monde a besoin de boire de l’eau, s’agissant d’un besoin universel qui ne risque pas de disparaître. Néanmoins, pour créer une entreprise à impact, il faut pouvoir apporter du “mieux”, tout en trouvant un modèle économique rentable. Comment réduire et changer les habitudes d’hydratation et comment s’assurer que cette solution soit meilleure pour l’environnement ? Pour proposer une solution viable et durable, elle a fait le choix de l’éco-conception préventive, c’est-à-dire la prise en compte de 13 critères pour savoir ce que coûterait à la planète un an d’hydratation. L’entreprise se pose ensuite la question du lieu de fabrication des produits qu’ils commercialiseront avec une évidence, produire en France. Pour orienter son projet d’entrepreneuriat, il est important de mesurer son impact et prouver qu’il est possible de créer de la valeur économique locale, pour des personnes loin de l’emploi tout en agissant le plus sobrement possible. C’est la définition concrète et quotidienne de l’impact selon Gobi. 

« Il est important de mesurer l’impact et de se dire qu’il est possible de créer de la valeur économique locale »

« La certification B Corp prend en compte un certain nombre de paramètres qui garantit la responsabilité d’une entreprise »

Mesurer ses impacts pour s’améliorer

Savoir identifier et mesurer les impacts des activités d’une entreprise est au centre du projet de B Corp. La certification B Corp a été créée par des entrepreneurs qui avaient intégré des valeurs sociétales et environnementales mais qui ont fait faillite face à la concurrence de grands groupes peu regardants sur ces enjeux. L’objectif était donc double : accompagner les entreprises vers un modèle plus responsable et le faire reconnaître comme primordial pour leurs partenaires et client·e·s. Elle  prend en compte pour cela plusieurs  paramètres, actualisés et enrichis régulièrement, qui garantissent l’engagement d’une entreprise. Par exemple, un des critères pour obtenir la certification est l’inscription dans les statuts de l’entreprise de la volonté de prendre en compte les différents impacts de l’activité auprès de toutes ses parties prenantes : sa gouvernance, ses collaborateur·trice·s, ses client·e·s, ses fournisseur·se·s, son environnement et la collectivité. La vision de l’entreprise à impact, derrière ce label, est celle d’une entreprise qui se pose les bonnes questions et qui prend des décisions en conséquence avec une vision long-termiste, régénératrice des ressources et incluant toutes les parties prenantes.

“Dans un monde fini, nous avons tendance à accélérer un système qui dysfonctionne et qui est vecteur d’inégalités. Pour gérer cette incertitude, les meilleures réponses sont portées par les personnes qui trouvent des solutions face à des problèmes de société” 

Retrouvez l’intégralité de la discussion dans le podcast ! 


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Réalisation, générique et montage : Morgan Prudhomme du Studio Module