On a travaillé « l’art d’être remarqué » avec l’artiste Thomas Bellorini

Premier, dans une série d’ateliers artistiques à destination des startups 104factory et du personnel du CENTQUATRE, « L’art d’être remarqué »  de Tomas Bellorini a eu beaucoup de succès ! Nous l’avons donc interviewé pour vous..

Comment travailler son aura? Comment être disponible, ancré dans l’instant présent et convaincre ses interlocuteurs lors d’un rendez-vous avec un partenaire potentiel ou un VC? Comment s’adapter et avoir plus d’impact auprès de son auditoire?

C’est ce que nous avons eu la chance de pratiquer dans l’une des salles de théâtre du CENTQUATRE avec Thomas Bellorini, metteur en scène, compositeur, chef de choeur et artiste résident. Voici quelques lignes sur son retour d’expérience qui pourront vous inspirer.

Pourrais-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton lien avec le CENTQUATRE?

J’ai à l’origine une formation de musicien et chef de chœur. Mais très tôt, j’ai eu envie de mettre de la musique dans du théâtre. J’ai voulu peu à peu raconter mes propres histoires, faire de la mise en scène. En parallèle, j’ai toujours trouvé que c’était important de transmettre et ai développé une méthodologie pour travailler avec des publics amateurs, des jeunes comédiens en formation. Je travaille toujours cet accompagnement en fondant ma pédagogie sur une recherche sur la voix.

Au CENTQUATRE, ça fait plusieurs années que j’interviens régulièrement auprès des publics. Je mène des actions dans des lycées, des école primaires, des collèges et cherche à créer des passerelles avec les nouvelles créations que je présente ici.

Nous avons intitulé ce workshop “L’art d’être remarqué”. En quoi penses-tu qu’il est primordial pour un startupper comme un artiste, de marquer les esprits?

Pour moi plus on va être honnête, intègre et cohérent avec l’être que l’on est, plus le message que l’on porte va être entendu. Ainsi, si l’on est “associé”, notre discours va être juste et sera entendu par notre audience. En revanche, il est beaucoup plus compliqué de recevoir un discours préfabriqué.

 

Lorsqu’on est

« dissocié »,

notre discours

a beau

être parfaitement maîtrisé,

on ne va pas

toucher les gens

en face

de la même manière.

Souvent, les coachings liés à la prise de parole pour les entrepreneurs se centrent sur des techniques de “power pose”, on se fabrique une personnalité de winner hyper-confiant. Cela te semble-t-il efficace?

Le problème avec ces techniques, c’est qu’elles entraînent une mise à distance. Lorsqu’on est « dissocié », notre discours a beau être parfaitement maîtrisé, on ne va pas toucher les gens en face de la même manière.

 Un comédien, seul sur le plateau, va transporter une salle de plusieurs centaines de personnes en chuchotant, s’il est vrai, en accord avec ce qu’il est. Je pense que pour un startupper, c’est la même chose. Il faut pouvoir s’adapter à son audience, mais il ne faut pas oublier d’être connecté à son identité, ses propres émotions.

Les participants au workshop ont dit que le travail fait avait été bénéfique tant physiquement que mentalement. En entreprise, on oublie le corps. Comment le réintégrer pour se préparer à parler en public ou à une réunion avec des partenaires, investisseurs potentiels?

La voix est connectée directement à la respiration, au corps. On ne peut pas travailler l’un sans l’autre. Lorsqu’on est stressé, dissocié, tendu, on se ferme sans s’en rendre compte. Il faut voir le corps comme un instrument : si on se détend, il vibre mieux, le larynx – la deuxième bouche – s’ouvre, et la voix est plus riche. On est présent, disponible et plus apte à faire passer son message, à convaincre. 

Pour l’audience, c’est pareil. Nous sommes des être empathiques, on recevra un discours complètement différemment si la personne qui le donne est dissociée, fermée ou bien relaxée, disponible.

A travers le chant, tu as beaucoup travaillé sur l’avant et l’après de la prise de parole. Peux-tu nous en dire plus?

Mieux vaut peu de choses mais bien dites pour avoir une adresse claire. On prend le temps du silence, de la respiration pour anticiper les phrases qui suivent et on laisse l’espace de la résonance après. Même si on a 2 minutes pour convaincre, ce n’est pas le nombre de mots qui va importer mais la manière dont on va faire ressortir ce qui compte et dont on va faire résonner sa voix. Pourquoi aller vite finalement? Il faut se laisser la liberté de maîtriser ce temps, de maîtriser ce tempo même dans un cadre très contraint comme lors d’un « elevator pitch ». L’important c’est plutôt de laisser la matière, la voix – qui est unique pour chacun – exister. C’est d’être pleinement présent, avant, pendant et après.

A 104factory, on expérimente ces croisements entre startups et artistes en cherchant à rendre l’expérience intéressante pour tous. Qu’est-ce que tu en a retiré de ton côté?

J’ai eu une meilleure compréhension de ce qui se passe dans cette aile du CENTQUATRE. D’aller à la rencontre de ces personnes qui ont un concept, portent un projet et ont envie de le transmettre, c’est beau en fait.

Ils sont créateurs comme nous, même si c’est dans un autre univers.

Et puis moi, je fais avant tout mon métier pour rencontrer des gens. Et durant ces 2 heures, on s’est tous rencontrés. C’est ce genre de moments où l’on sent que l’on a une expérience privilégiée avec quelqu’un, c’est génial.

Découvrez la prochaine création de l’artiste, « Femme non-réeducable » qui aura lieu au CENTQUATRE en janvier 2020


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