Vivre des émotions dans un monde virtuel avec Line Brucena, cofondatrice de Gengiskhan, VR with a soul et le podcast créatif, Minuit dans les Étoiles
Dans ce troisième épisode de cette saison en partenariat avec le podcast Minuit dans les étoiles , nous allons découvrir comment Line se laisse guider par son instinct dans son parcours d’entrepreneuse et dans la création de contenus capables de faire voyager les gens vers leur monde intérieur.
Line fait des études de commerce à l’ESSEC puis s’oriente vers le planning stratégique chez BETC EURO RSCG puis Curious. Commence ensuite une nouvelle aventure dans l’univers de cinéma lorsque elle cofonde Gengiskhan Production et se lance dans la production de films. En 2014, elle découvre la réalité virtuelle déjà en vogue dans l’univers du gaming et s’attache à rassembler des équipes complémentaires pour inventer de nouvelles formes de narration adaptées à ce médium.
La créativité occupe une place importante dans l’enfance de Line et notamment via les enseignements en musique et danse qu’elle reçoit au conservatoire en parallèle de l’école. Elle continue avec le théâtre et la comédie musicale à côté du lycée et de ses études à l’ESSEC, mettant ainsi les main dans le « bricolage » de la production.
« L’immersion se créée par de longs plans-séquence et on s’attache plutôt à conduire le regard du spectateur comme dans le spectacle vivant »
5:00′ De la publicité au cinéma. Elle commence son parcours en planning stratégique, une façon pense-t-elle, de garder un pied dans l’artistique et un pied dans le business. « Repérer des signaux faibles » dans la société pour adopter une vision prospective et proposer son analyse la passionne mais la dimension artistique lui manque. Elle rencontre alors son futur mari Jean-Baptiste, un passionné de cinéma, et ensemble ils se projettent dans la production cinématographique. En commençant par produire des courts-métrages, sur lesquels Line travaille tout en continuant le planning stratégique en freelance, dans une enrichissante gymnastique.
7:56 Du cinéma à l’immersion. Souhaitant rester ouverts – traitant dès 2012 aussi bien fiction, ciné ou web, que documentaire, clip ou émission TV – Line et Jean-Baptiste s’affirment comme de vrais « touche-à-tout » et lorsque la réalité virtuelle se développe ils s’intéressent aussi naturellement à ce nouveau canal qu’ils voient comme un nouveau terrain de jeu. « On a eu le sentiment que ça s’adressait pas exactement au même endroit du cerveau qu’un film traditionnel », le fait qu’il n’y ait plus de distance à l’image et le fait que tout le corps ait un sentiment de présence extrêmement fort fait qu’un film vu en réalité virtuelle se grave dans la mémoire comme un souvenir vécu. Cette imprégnation de la mémoire explique comment la réalité virtuelle peut être un outil de désensibilisation de phobies. Pour Line c’est de la matière à vivre et pas seulement à regarder, et qui implique donc une responsabilité accrue quand aux propositions qui sont faites, et nécessite une approche sensible et une réflexion philosophique préalable. Le ressenti du public est à ce titre examiné avec beaucoup d’attention.
12:20′ Comment structurer ses idées, constituer une équipe, construire une narration sur ce médium nouveau? Pour Line, en l’absence de références comme il y en a dans le cinéma classique, c’est un peu comme une page blanche, mais elle voit plutôt le côté excitant de l’inconnu. Sans cadre ni montage, l’écriture est plus sensorielle, plus organique, « de plateau ». L’immersion se créée par de longs plans-séquence et on s’attache plutôt à « conduire le regard du spectateur » comme dans le spectacle vivant. Leurs premiers partenaires privilégiés sont Laurent Bazin, ami et metteur en scène de théâtre, et Diego Losa spécialiste du mixage en son spatialisé. Une équipe hybride dès le premier projet. Ensuite ce sont beaucoup de discussions, partages d’expériences et mémoires personnelles pour imaginer les premiers scénarios – elle site une expérience d’un d’entre eux – le souvenir d’une opération des yeux – qui est le point de départ d’une de leurs créations : Les Falaises de V. On en arrive à la conclusion que la VR peut provoquer 2 sensations : Émerveillement pour cet outil qui peut nous transporter n’importe où, et aussi un sentiment d’être seul face à soi-même, en pleine conscience de son intimité. Un rêve éveillé qui ouvre des portes, presque une sorte d’hypnose… (Elle site le cas d’une spectatrice qui en visionnant Les falaises de V s’est remémoré une opération qu’elle avait eu à 4 ans et dont elle avait complètement enfoui le souvenir.
24:00′ On s’envole vers les étoiles de Line, en imaginant la première mission jamais entreprise à destination de l’univers virtuel qui se cache derrière le miroir des nuages. Et on parle d’instinct, de son premier saut, celui de se lancer en freelance, puis des sauts de nuage en nuage, au fil des projets et rencontres. Line se sait très anticipatrice mais doit gérer entre la très longue-vue de ses projets et les petite jumelles de la gestion pratique.
Si on lui demande ses références, elle nous confie aimer à la fois ce qui bouge et ce qui demeure. On imagine aussi un voyage dans l’intériorité et Line cite cette parole de Victor Hugo : « Il y a un spectacle plus grand que la mer c’est le ciel, et il y a un voyage plus grand que le ciel c’est l’intérieur de l’âme » qui guide beaucoup leurs créations immersives. Capter des moments de vérité. Réveiller des sensations et de souvenirs… Jusqu’à la sortie de corps via des expériences ésotériques et chamaniques? Des expériences peut-être accessibles à nos cerveaux via la méditation tandis que la réalité virtuelle en attendant, peut être « la sortie de corps pour les nuls » et aider les gens à se reconnecter à une partie d’eux même.
Line voit loin et nous a confié qu’elle laisse souvent ses idées flotter et mûrir 6 mois avec de les traiter sérieusement. Pour qu’un projet naisse c’est ensuite un travail réfléchi et collectif d’expérimentation et d’hybridation des formes pour que la magie de la réalité virtuelle opère, exerçant son puissant pouvoir d’accès à l’intime, pour ouvrir à son public de nouveaux horizons.
Le film « Les Falaises de V » , création de Laurent Bazin
Ecriture, production & réalisation : Marylène Ricci et Hélène Marois
Montage : Titouan Dumesnil
Générique : « Liberate », Immersive Music