Rencontre avec Fanny Legros et Carole Vigezzi de Plinth

Plinth a rejoint 104factory, l’incubateur du CENTQUATRE-PARIS. Découvrez notre conversation avec Fanny Legros et Carole Vigezzi afin d’en apprendre plus sur le projet, les ambitions et les motivations de l’équipe de Plinth.

Qu’est-ce que Plinth ?

Plinth est un outil numérique de mise en relation pour le don d’objets et matériaux dédiés au secteur culturel. Il s’adresse aux musées, galeries, fondations, centre d’arts, artistes, ou tout autre lieu où l’art est exposé.


Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’aventure ?

L’idée de Plinth part d’un constat assez sidérant. Nous avons remarqué que les acteurs du secteur culturel n’avaient pas d’outils à leur disposition pour réemployer les matériaux utilisés et pour leur faciliter la transition écologique.

Beaucoup de matériaux sont jetés, dans les musées, dans les salons, dans les foires… des montagnes de déchets sont créées à la fin des événements. Malgré les efforts de certains, sans accompagnement, sans outils et sans sensibilisation c’est compliqué. 

Dans le secteur culturel, nous avons pratiquement tous besoin des mêmes ressources. Dans les années à venir, il va être indispensable de mutualiser ces ressources, de les mettre en commun.

De là est venue l’idée de créer un outil, un mix entre Leboncoin et Too Good to Go mais pour les acteurs du secteur culturel. 

Depuis, les choses ont bien avancé, Plinth est né et les statuts de l’entreprise ont été déposés en septembre 2021, avec comme ambition principale de faciliter le réemploi d’objets et matériaux scénographiques pour le secteur de la culture.

Comment fonctionne Plinth ?

“L’idée de Plinth c’est de créer de l’usage dans le secteur de la culture en nous appuyant sur le cycle de vie d’une exposition.”

Plinth est une application web, en cours de développement, sur laquelle nous travaillons depuis quelques mois. 

Au début, nous ne savions pas vraiment quelle forme allait prendre l’application ni ce que le secteur attendait comme outil, leurs besoins, leurs freins etc.

Pour être sûres de proposer une solution intéressante et utile, nous avons mené une étude, en envoyant un questionnaire aux personnes que l’on connaissait, à notre réseau professionnel proche et en essayant de toucher toutes les typologies d’acteurs possibles : un musée, un artiste, une galerie, un scénographe, une boîte de production etc.

Le but était de comprendre si la préoccupation de transition écologique dans le secteur culturel était importante pour les acteurs, si c’était une priorité pour eux mais aussi d’apercevoir leurs attentes d’un outil comme celui de Plinth, est-ce que cette solution leur semblait intéressante et pratique, est-ce qu’ils étaient capables de payer un service comme celui-ci ?

Nous avons également fait une étude de marché pour comprendre si des initiatives de réemploi existaient déjà dans le secteur culturel. On connaissait déjà des acteurs historiques du réemploi, on s’est aussi aperçu qu’il y avait des initiatives partout en France, il y a des musées qui se regroupent et qui ont déjà tenté l’expérience de troc, de dons… mais à petite échelle, pour un résultat peu satisfaisant et cela prend beaucoup de temps. 

De là a émergé l’idée de leur proposer un outil qui leur soit dédié aussi bien pour donner que pour chercher et pour faciliter la mise en relation. 

On expérimente depuis à peu près 7-8 mois la plateforme dans une version test, avec des fonctionnalités minimes, que nous avons développées nous même en no code.

Où en est le projet aujourd’hui ?

“Nous sommes en plein développement, la nouvelle version de l’application sera commercialisée en septembre.”

Aujourd’hui l’application intègre des fonctionnalités très basiques, on peut publier une annonce avec un titre, une description, des photos, des dates de disponibilités et un contact. Chacun peut publier une annonce et a contrario, chacun peut aller voir les annonces qu’il y a sur le catalogue. La mise en relation n’est pas encore automatique. Lorsque les galeries sont très proches, l’échange se fait quasiment intégralement à la main.

Parfois nous nous occupons de récupérer les matériaux et de faire le transport. On s’est aperçu qu’il y avait une certaine urgence de la part des utilisateurs à se libérer des matériaux (socles, peinture…).On s’est vite rendu compte qu’il fallait développer un aspect stockage temporaire mais qu’on ne veut pas sur-développer, l’idée étant de maximiser les flux directs entre utilisateurs.

Comment se crée l’usage avec Plinth ?

“La création d’usage risque de prendre un peu de temps, il y a des gens qui l’acceptent et d’autres qui n’ont parfois pas encore trop compris ce qu’était le réemploi.”

Nous souhaitons intervenir à deux moments, qui sont des moments clés d’une exposition. Tout d’abord, durant la phase de conception de l’exposition. L’utilisateur pourra se connecter au catalogue de Plinth et voir s’ il y a des objets qui pourraient être utilisés pour son exposition à venir. Et la deuxième étape c’est d’intervenir à J+1 de l’ouverture de l’exposition et de répertorier les matériaux et objets qui ne seront plus utilisés ou conservés à la fin de l’exposition. Par exemple, une table qui ne sera plus utilisée à la fin d’une exposition, peut être répertoriée sur Plinth. Nous utiliserons la période de stockage « virtuel » correspondant à la durée de l’exposition pour trouver des personnes qui viendront la récupérer à la fin de l’exposition. Nous réfléchissons à des formules de services à proposer en annexe, toujours dans l’idée de faciliter le réemploi. Nous proposerons les services d’une ou d’un valoriste sur place, qui fera un diagnostic et pourra dire ce qui peut être gardé ou pas à la fin de l’exposition. Le / la valoriste se chargera ensuite de la rédaction des annonces sur Plinth. Au fur et à mesure de nos échanges avec les musées, nous nous sommes rendues compte que leur problématique principale était le manque de temps et d’équipe pour s’occuper de la question du réemploi. Ce genre de services annexes pourra répondre à ce besoin identifié et, on l’espère, favoriser l’utilisation de Plinth.

Quelle est l’offre de Plinth ?

Pour avoir accès au catalogue de Plinth, les utilisateurs devront souscrire un abonnement, à tarif unique préférentiel lors du lancement, et sans engagement. Grâce à cet abonnement nos utilisateurs pourront se servir de manière illimitée dans le catalogue. C’est-à-dire que s’ils veulent 6 socles, 12 rouleaux moquettes, au début, ils pourront prendre tout ce dont ils ont besoin, pour le même tarif. Il faut créer du flux, créer de l’usage et ensuite en fonction de l’évolution nous pourrons réfléchir à des offres plus spécifiques en fonction des besoins de chaque typologie d’abonné. Un musée et une galerie n’auront certainement pas le même rythme ni la même quantité de besoins.

Nos premiers testeurs ont été la Fondation Cartier, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et actuellement nous expérimentons avec le Palais de Tokyo. Pour l’instant, le tarif d’un abonnement est fixé à 90€ht par mois. Un des exemples que l’on cite beaucoup c’est le cas d’une galerie à qui on a facturé deux mois d’abonnement, durant lesquels elle a trouvé 4 socles via notre catalogue. Ça lui aurait coûté environ 600 euros de les faire fabriquer, là ça lui a couté 180 euros. C’est une cliente convaincue, ce qui nous prouve que l’idée fonctionne et séduit.  

Le marché auquel on s’adresse est très divers, entre une petite galerie, qui a une petite économie et qui fait déjà du réemploi par conviction ou par soucis d’économie et une grosse galerie qui a les moyens, voire un musée qui n’a pas forcément de gros moyens mais qui a des équipes techniques derrière et des ressources, on ne s’adresse pas du tout aux mêmes personnes. Puis il y a une grosse différence entre le public/ privé, c’est indéniable. On milite pour que les petites structures puissent utiliser l’outil et profiter de ce que pourraient donner les plus grosses structures. On a également prévu de proposer un tarif spécial pour les étudiants en école d’art.

Pourquoi avoir choisi l’incubateur 104factory ?

“104factory c’est de la visibilité, de la sécurité et un terrain de jeu pour expérimenter.”

Lorsqu’on a voulu intégrer un incubateur, on a fait un vrai benchmark de tout ce qui existait en incubation à Paris. Et celui qui nous a le plus séduit c’est 104factory. Plusieurs raisons évidentes nous ont amené à candidater à l’incubateur du CENTQUATRE-PARIS 104factory. Tout d’abord, le CENTQUATRE-PARIS présente beaucoup de genres, de cultures différentes. C’est un centre pluridisciplinaire, très riche dans lequel on aimerait expérimenter Plinth et faire un test grandeur nature avec les équipes du CENTQUATRE-PARIS durant une période prolongée. Nous cherchions également à être incubées pour être accompagnées, être guidées. On s’interroge beaucoup sur le développement de Plinth, parfois sur des sujets que l’on ne maîtrise pas encore. Avoir les conseils des accompagnateurs/trices 104factory c’est très précieux et ça nous permet de guider nos choix.

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